Afin de mieux connaitre et comprendre les gens que nous côtoyons, Lise , Marie-Andrée et Laurent, accompagnés du professeur de Lote 6, Elmer, ont rencontré une famille typique de ce village. Le texte de Marie-Andrée illustre bien les grandes difficultés que vivent ces gens. Les données sont en quetzales et il en faut ± 7.4 pour 1 dollar canadien.
27 novembre 2011
LOTE 6 (Aldea San Gil)
Lote 6 est un village (aldea) qui s’est créé il y a 40 ans à partir de la migration de familles menacées dans leur région par la guerre civile. Migrants dans leur propre pays, les habitants de la région continuent de se déplacer au hasard du travail disponible.
L’aldea San Gil compte six lots dont Lote 6 est le seul qui soit habité. Les cinq autres lots servent de pâturage pour le bétail.
Lote 6 compte 84 familles qui se partagent environ 145 enfants. De 40 à 50 de ces familles sont monoparentales.
À cette date, le village reçoit l’eau courante, mais n’est pas électrifié et le sera peut-être en décembre de cette année.
Une famille typique.
Nous avons rencontré une famille typique parmi les plus pauvres de Lote 6.
La famille Guerra compte deux adultes et quatre enfants dont trois sont d’âge scolaire.
Ils vivent dans une maison au plancher de terre battue dans deux petites pièces
(voir photo ) : une chambre à coucher avec trois lits simples et une cuisine avec une place à feu. La toilette sèche est à l’arrière de la maison.
La famille vit dans cette maison depuis maintenant 2 ans et les grands-parents vivent dans une autre maison.
Le père, Misael Guerra a 24 ans. Il travaille dans un « vivero » où sont produits de jeunes plants de hevea (arbres à caoutchouc). Pour se rendre au travail, il parcourt 5 km à bicyclette, six jours par semaine. Sa journée de travail commence à 5:00 heures et se termine à 10:00 heures.
Il gagne Q65 par jour et est payé aux 15 jours.
Si on estime qu’un repas pour 6 personnes coûte de Q100 à Q125, on comprend vite que ce salaire n’est pas suffisant pour nourrir sa famille, payer l’eau et le loyer (environ Q200 par mois).
Josefina, la mère est âgée d’une vingtaine d’années. Elle travaille à l’occasion à cueillir des fruits qu’elle vend pour aider à joindre les deux bouts. Elle prend soin des enfants et prépare la nourriture, frugale et peu diversifiée : tortillas, frijoles et riz, le tout quand il y en a, comme elle dit. Elle a donné naissance à ses quatre enfants dans sa maison avec l’aide d’une sage-femme (comadrona).
Josefina est bien consciente de l’importance que ses enfants aillent à l’école, mais la pauvreté criante de la famille en limite l’accès. Par exemple, il n’y a ni table ni chaises dans la maison, alors si les enfants ont des devoirs, ils doivent les faire sur un bloc de ciment !
Les trois enfants Guillermo (9 ans), Gwendy (8 ans), Legui (5 ans) et Maira (1 an) étaient tous présents lors de notre rencontre.
Guillermo est en deuxième année. Il a doublé à plus d’une reprise. Quand nous l’avons rencontré, il avait un poignet en écharpe suite à une chute en bas d’un arbre. Il a été soigné au puesto de salud de Los Angeles à quelques km de Lote 6.
Gwendy est en première année. Elle aussi a déjà doublé. Legui devrait aller à la maternelle en février 2012.
L’École à Lote 6
À l’école du village, il y a six 6 niveaux : la maternelle qui doit compter un minimum de 8 enfants (âgés de 3, 4 et 5 ans) pour être en fonction et les niveaux de 1ère à 6ième année.
L’année scolaire s’étend de janvier à octobre et l’horaire quotidien va de 7:30 à 12:30 heures.
Une collation est servie aux enfants grâce à une contribution gouvernementale de Q1,5 par jour par enfant. Si cette contribution venait à manquer, il serait difficile pour les familles de compenser.
Puisque les classes sont libres à partir de 12 :30heures, le directeur souhaiterait que les locaux puissent être utilisés l’après-midi par les élèves de niveau secondaire qui doivent présentement voyager jusqu’à Los Angeles, à environ 5 km de Lote 6.
L’enseignement est assuré par Elmer, le directeur de l’école qui est maintenant assisté de 5 (professeurs) maestros. Un maestro prend en charge de 25 à 35 enfants.
En 2009, alors qu’il n’y avait que deux maestros, seulement 70 enfants fréquentaient l’école.
En 2011, depuis qu’il y a 5 professeurs non seulement la population de l’école s’est élevée à près de 125 enfants, mais les échecs sont maintenant beaucoup moins nombreux.
Peu d’enfants terminent le niveau primaire. On constate un taux d’abandon important et ce en particulier après la troisième année.
Les enfants ont des devoirs à faire à la maison, mais 10 sur 30 ne les font pas, ce qui retarde le rythme d’évolution des classes. À tous les deux mois les professeurs rencontrent les parents dont 80% participent à ces rencontres où les professeurs font état de l’évolution de leurs enfants.
Avant 2009, les parents devaient payer de Q10 à Q15
par enfant pour la fréquentation de l’école. En 2009, la femme du président a institué un programme d’aide aux familles.
Ce programme « Mi familia progresa » versait Q300 à chaque famille, à condition que les enfants fréquentent l’école ainsi que le Centro de Salud. Bien sûr, les bénéficiaires de cette aide devaient être enregistrés. Ce programme a duré deux ans, mais compte tenu de l’élection d’un nouveau gouvernement, on ne sait pas encore s’il sera maintenu.
La communauté souhaite que ce programme d’aide devienne un programme d’État et ne soit plus dépendant des gouvernements.
L’implication de notre groupe dans ce village au niveau de l’amélioration des infrastructures scolaires (construction de deux nouvelles classes , d’une cuisine, de toilettes à l’eau courante et la réfection des pupitres ) a pour effet de susciter de l’enthousiasme chez les enfants et les professeurs.
Très intéressante cette chronique, merci!
RépondreSupprimer